Notre histoire de quatre mille ans peut se diviser
en trois grandes périodes, de durée à peu près égale :
I. La période semi-légendaire
Comme toute vieille nation, le vietnam a sa légende, sa toute première légende qui fait
remonter les origines de la race dans la nuit des temps.
A en croire les Annales, le roi Lac-Long,
illustre descendant des
Hông-Bàng, de la lignée des dragons (animal fabuleux des mers du Sud et considéré
comme le totem majeur des premiers Viêt) se maria avec une immortelle, nommée
Au-Co,
descendante des génies de la montagne.
De cette union, naquirent cent garçons tous beaux et forts. Après cet heureux
événement, le prince et la fée, conscients de la fugacité de lexistence et de la
brièveté inéluctable du bonheur humain, résolurent de se quitter. Au-Co partit alors
vers la montagne avec cinquante de leurs enfants.
Les autres suivirent leur père vers les rivages des mers du Sud. Cette dissémination
permit la naissance des CENT principautés Viêt (Bach Viêt), réparties sur une zone
très vaste comprise entre le Fleuve Rouge au Nord, le Champa au Sud, la mer de Chine à
l'Est et le Tseu Tchouan à l'Ouest.
De toutes ces principautés, la plus dynamique et la mieux organisée
semblait être le Lac-Viêt, ou Van-Lang, littéralement le Pays des lettrés, dont
létendue correspondait à l'actuel Nord Vietnam et à la partie septentrionale du
Centre Vietnam.
En 257 avant JC, le roi An-Duong,
descendant des Thuc régnant sur le royaume de Tây-Au,
l'actuel Yunnan, furieux de s'être vu refuser la main d'une princesse vietnamienne, leva
-une armée et entreprit l'annexion du Lac-Viêt. Il en fit le royaume de Au-Lac,
(raccourci de Tây-Au et Lac-Viêt). Le roi An-Duong régna jusqu'en 208 avant JC grâce
à la protection d'une citadelle en forme de spirale, appelée Loa-Thành, construite avec
le concours divin de la Tortue d'Or, qui dota l'armée vietnamienne d'une arbalète à tir
automatique, et dont la gâchette est constituée par une griffe offerte par la Tortue
elle-même.
En 258, le Général Triêu-Dà (Tchao-To), qui régnait sur le
Nam-Viêt, une des cent principautés Viêt de la zone côtière, et située au Nord-Est
de l'actuel Tonkin, soumit le royaume d'Au-Lac, grâce à un subterfuge matrimonial.
Un semblant de mariage entre son fils Trong-Thuy et la Princesse
My-Châu, fille du roi An-Duong, permit d'abord la subtilisation de la fameuse
gâchette, et ensuite la conquête de la citadelle aux neuf enceintes, réputée
jusqu'alors inexpugnable. La dynastie des Triêu régna jusqu'en 111 avant JC, date
d'établissement de la première domination chinoise.
II. La domination chinoise
La domination chinoise, qui dura à peu près 1.000 ans, de 111 avant JC à 938 après JC,
peut être divisée en quatre périodes distinctes :
- Première domination chinoise (111 av. JC - 43 ap. JC).
Le Général chinois Lou Po-to (Lô-bac-Duc) détruit le royaume de Nam-yue (Nam-Viêt) en
111 av. JC. Le protectorat chinois est établi sur le Tonkin (Giao-Chi). En 39-43 ap. JC
révolte des soeurs Trung-Trac, Trung-Nhi, héroines nationales du Viêt-Nam.
- Deuxième domination chinoise (44-543 ap. JC).
Période des grands gouverneurs chinois civilisateurs : Si-Nhiêp, Tich-Quang, Sinisation
du Viêt-Nam (appelé alors: Giao-Chi, puis Giao-Châu). Formation du Lin-Yi, noyau du
futur Champa. Campagnes des Chinois contre le Champa.
- Dynastie des Ly antérieurs (544-602)
Période confuse. Les Chinois se maintiennent, malgré plusieurs dynasties vietnamiennes
éphémères et parfois rivales : Ly antérieurs. Triêu postérieurs. Ly postérieurs.
Légende de la résistance de Ly-Nam-Dê au Lac de la Nuit. Le royaume reçoit le nom de
Van-Xuân, puis de Viêt.
- Troisième domination chinoise - (603- 938)
Sinisation de plus en plus forte du pays qui reçoit les noms de An-nam-dô-hô-phu
(Protectorat Général d'Annam) ; Trân-nam- dô-hô-phu (Protectorat général du Trân-
Nam). Les T'ang (618-907, et 923-936) marquent le Tonkin de leur empreinte par le
Gouvernement de Kao-P'ing (Cao-Biên), la fondation de Dai-La et une forte organisation
administrative. Cependant de nombreux soulèvements ont lieu.
Ce fut alors la longue nuit de l'histoire du Viêt-Nam, une nuit de
dix siècles, au cours desquels la civilisation chinoise allait solidement s'implanter
dans le pays. Il y eut, certes, de nombreux soulèvements, comme ceux des Soeurs Trung en
39-43 après JC, de Triêu-Au en 248, de Ly-Bôn en. 544, de Phùng-Hung en 791, mais les
uns furent vite réprimés, tandis que les autres ne connurent qu'un succès éphémère.
III. L'indépendance nationale
Cette période d'une durée de mille ans environ peu être divisée en quatre grandes époques.
A./ Les grandes dynasties nationales
Il fallut attendre jusqu'au Xe siècle pour que prit fin la longue domination chinoise.
Par la célèbre victoire de Bach-Dang, en l'année de grâce 939, Ngô-Quyên chassa les
Chinois du pays et fonda la première dynastie nationale. Pendant dix siècles, huit
dynasties allaient se succéder sur le trône du Viêt-Nam, avec la même volonté
d'organiser et dagrandir le royaume.
- Dynastie des Ngô (939-967).
La capitale du pays est à Cô-Loa. En 944, à la mort de Ngô-Quyên
fondateur de la dynastie, royaume tombe dans lanarchie et est partagé entre douze
seigneurs. C'est la. période des douze Su-quân.
- Dynastie des Dinh (968 - 980).
De cette anarchie sortira le premier roi vietnamien vraiment indépendant
: Dinh-Tiên.-Hoàng (963-979) qui fonde la dynastie des Dinh. Le royaume prend le nom de
Dai-Cô-Viêt
- Dynastie des Lê antérieurs (980
- 1009).
Marquée par les luttes contre la Chine et le Champa et la soumission des
éléments de trouble à lintérieur.
- Dynastie des Ly antérieurs (1010 -
1214).
La capitale est fixée à Thang-Long (Hanoi) en 1010. Poursuite des luttes
contre la Chine et le Champa, effort dunification du pays (des ministres),
organisation militaire, administrative, économique du pays. Grande prospérité du
Bouddhisme. Le royaume sappelle Dai-Viêt (de 1054 à l164) puis Annam jusqu'en
1802.
- Dynastie des Trân (1225 - 1400).
Poursuite de l'oeuvre d'unification et d'organisation.. Luttes
victorieuses contre les Mongols au cours desquelles se distingue le Maréchal- Prince
Trân-Hung-Dao, devenu héros national. Le pays prend le nom d'An-Nam (l164) qu'il gardera
jusqu'en 18.02. Lutte contre les pays indouisés : Ai-Lao et surtout Champa.
- Dynastie des Hô (1400 - 1407).
Hô-Qui-Ly usurpe le trône. Le pays est la proie de troubles intérieurs graves ;
les Chinois s'immiscent dans les affaires intérieures.
- Domination chinoise des Ming (1407 - l427).
Les Ming finissent par contrôler l'AnNam de 1407 à 1427.
- Dynastie des Lê (1428 - 1789).
Lê-Loi partant de Lam-Son (Thanh-Hoa) chasse les Chinois dominateurs
après une lutte acharnée de dix ans. Il fonde en 1428 la dynastie des Lê marquée par
les faits suivants :
- organisation militaire, administrative et judiciaire (code des Lê) très poussée ;
- développement de la littérature et des études historiques et géographiques. Les
ouvrages sont écrits en caractères chinois ou en écriture démotique (nôm). Les
écrivains les plus renommés du Viêt-Nam ont vécu sous cette dynastie ;
- triomphe du confucianisme et de la doctrine des lettrés ;
- introduction du christianisme par les missionnaires européens. Contacts des vietnamiens
avec les commerçants et aventuriers étrangers ;
- création du système de transcription quôc-ngu par le Père Alexandre de Rhodes ;
- victoire définitive sur le Champa. Occupation du Sud Viêt-Nam au moyen de mariages
dynastiques. Mariage de princesses vietnamiennes avec les rois du Champa et du Tchen-La ;
-luttes entre les seigneurs du Nord (Trinh) et les seigneurs du Sud (Nguyên).
- Dynastie des Nguyên (1802 - 1945)
Gia-Long, après avoir défait les seigneurs du Nord et la dynastie des Tây-Son (1788-1802),
fonde la dynastie des Nguyên. Le royaume s'appelle Viêt-Nam de 1804 à 1820,
Dai-Nam à partir de 1820. |
B./ La guerre de Sécession et lunification territoriale.
Le Viêt-Nam aurait pu connaître quelques siècles de répit, sans cette rivalité
plusieurs fois séculaire entre les Seigneurs Trinh au Nord et les Seigneurs Nguyên au
Sud, qui narguaient lautorité des rois Lê et constituèrent deux fiefs
indépendants, au détriment de l'unité nationale. Ces rivalités mirent le pays à feu
et à sang dès 1627 et durèrent jusqu'en 1775, daté à partir de laquelle ces deux
familles connurent la décadence.
Heureusement, l'esprit qui animait les premiers Viêt était resté le même. Dans les
moments les plus critiques de l'Histoire, des patriotes clairvoyants apparurent toujours
au bon moment pour opérer la réunification du Pays.
C'est ainsi que de la masse paysanne surgirent les Frères Tây-Son, qui profitèrent des
divisions intérieures pour lever l'étendard de la Libération. Ils chassèrent en même
temps les Nguyên et les et mirent en fuite le dentier souverain des Lê. L'un d'entre
eux, Nguyên-Huê, se proclama Empereur, sous le nom de Quang-Trung, et avec lui le pays
retrouva son unité première. Malheurement il mourut en 1792, sans pouvoir assurer la
pérennité de la dynastie.
Entre temps, dans le Sud, Nguyên-Anh, le successeur des Seigneurs Nguyên, reprenait
l'attaque contre les Tây-Son, de plus en plus affaiblis, et parvenait en 1801 à unifier
à nouveau le pays, après 27 années de lutte. Il se proclama alors empereur en 1802 et
pris comme nom de règne celui de Gia-Long,
raccourci de Gia-Dinh (Basse-Cochinchine) et Thang-Long (capitale du Nord Viêt-Nam) ; il
adopta comme appellation nationale celle de Viêt-Nam, pour bien signifier qu'elle
englobait à la fois les territoires de l'ancien An-Nam (le Tonkin proprement dit) et le
Viêt-Thuong correspondant à lancien Cham-pa, auquel devait s'ajouter la
Basse-Cochinchine.
A partir de Gia-Long, le Viêt-Nam allait connaître
une courte période de paix qui devait être interrompue vers la seconde moitié du XIX°
siècle par lirruption descadres françaises dans ses eaux territoriales.
C./ La colonisation française.
L'immixtion des amiraux français dans le domaine politique suivie d'interventions
militaires à l'intérieur des frontières de la nation, allait aboutir à la signature
des traités de 1862 et 1874 plaçant le Viêt-Nam sous le tutelle de la France.
Le royaume de feu l'empereur Gia-Long
fut intégré dans une entité géographique appelée « Indochine Française » englobant
deux autres pays : le Cambodge et le Laos.
Pour des raisons de commodité administrative, le Viêt-Nam était aussitôt scindé en
trois parties : le Tonkin au Nord, l'Annam au Centre et la Cochinchine au Sud. Tandis que
la Cochinchine était directement gouvernée par les autorités françaises en tant que
colonie, le Tonkin et l'Annam, devenus protectorats français, conservaient une certaine
autonomie incamée par un empereur, descendant des Nguyên, qui détenait un pouvoir
plutôt symbolique.
Cette abdication de la souveraineté notionnelle devait entraîner les patriotes
vietnamiens dans une lutte sans répit contre la France, lutte concrétisée par de
nombreux et fréquents soulèvements armés à travers tout le royaume.
Il fallut cependant attendre la fin de. la seconde guerre mondiale pour voir le Viêt-Nam
accéder à l'indépendance à la faveur de la conjoncture internationale.
D./ Le recouvrement de lindépendance.
A la suite de la neutralisation de l'autorité française, le 9 mars 1945, par les forces
japonaises stationnées au Viêt-Nam, un premier gouvernement national présidé par feu
le professeur Trân-Trong-Kim s'installait à Hué, en avril de la même année. Par la
suite, plusieurs gouvemements se succédèrent à une cadence assez rapide, chacun d'eux
ayant dû faire face à de nombreuses difficultés sur le plan interne aussi bien que sur
le plan extérieur.
-Cette accession de fait à lindépendance n'en restait pas moins sans valeur sur le
plan international. Ce nest que dix ans plus tard, c'est- à-dire le 4 Juin 1954,
que le Gouvernement de la République Française avalisait juridiquement
lindépendance du Viêt-Nam, lequel, par voie de conséquence, recouvrait
légalement à cette date ses frontières historiques, telles qu'elles figuraient dans les
relevés topographiques officiels de 1862.
La grande joie du peuple vietnamien fut de courte durée. En effet, le destin du pays n'en
était pas pour autant scellé : un mois plus tard, le 21 Juillet 1954 exactement la
Conférence de Genève, entérinant les accords de cessez-le-feu intervenus entre la
France et le Viêt-minh, décrétait la scission du territoire national en deux portions
à peu près égales, selon une ligne de démarcation constituée par le 17e parallèle,
approximativement à la hauteur de la Rivière Bên-Hai, dans la province de Quang-Tri
(Centre Viêt-Nam).
Les provinces se trouvant au Nord de cette rivière relèveraient
désormais de la République Démocratique du Viêt-Nam, tandis que les territoires
situés au Sud allaient passer d'abord sous la juridiction de l'Etat du Viêt-Nam, ensuite
sous celle de la République du Viêt-Nam fondée le 26 Octobre 1955, après un
référendum populaire.
Enfin, le 1er Novembre 1963 une grande révolution menée conjointement par
larmée et le Peuple, réussit à renverser le régime dictatorial de
Ngô-Dinh-Diêm et à instaurer la Seconde République. Depuis lors, plusieurs
gouvernements civils et militaires se sont succédé à Saigon.
1963 : Intervention militaire des Etats Unis
1973 : Accord de Paris.
1975 : Fin de la guerre civile. 30 avril 1975: La chute de Saigon. Début d'un million de boat-people...
1976 : Proclamation de la « République Socialiste du
Vietnam » |